Il y a 10 ans aujourd'hui, j'étais à l'aéroport de Montpellier avec mes deux valises en partance pour Manchester. Je promettais à ma Maman en larmes que ce n'était que pour un an, le temps d'obtenir mon double diplôme et que ça allait passer vite.
En arrivant à Manchester, il pleuvait, mes pieds étaient trempés dans mes ballerines et mes valises étaient à Paris après avoir raté leur correspondance. J'ai maudit ce lendemain de soirée trop arrosée où je me suis retrouvée dans le bureau des Relations Internationales de mon école d'ingénieur. Une soirée épique avec le groupe d'Erasmus de notre école que nous avons finie avec ma copine Vinciane en répétant à qui voulait l'entendre 'Next year we're going to Manchester' ... Evidemment le lendemain matin, j'aurais pu revenir sur mes paroles d'ivrogne et décider que next year, j'allais rester à Montpellier. Mais à 22 ans et encore chez ma maman, je trouvais que c'était une bonne occasion de quitter enfin le nid. J'ai ensuite passé l'été à compter les jours jusqu'à mon départ, impatiente de quitter le train train de Montpellier, de commencer une nouvelle vie loin de ma famille étouffante, loin du nid. Ce soir de septembre 2000, à Manchester sans mes valises, je n'avais qu'une envie c'était de le retrouver mon nid. Le lendemain, sous le soleil et mes valises arrivées, je retrouvais mon enthousiasme. Cette année fut sans aucun doute l'une des plus mémorables de toute ma vie. L'année des rencontres, de l'ouverture, du changement. Coté académique, soyons honnête, ce ne fut pas une année très bénéfique mais coté humain, incomparable... Evidemment vous savez maintenant que je ne suis jamais rentrée à Montpellier. J'ai rencontré mon Petit Chimiste à Manchester et je ne l'ai plus jamais quitté....
Il y a 10 ans, j'étais une petite étudiante célibataire et sans responsabilités qui pouvait partir vivre à Manchester pour un an sur un coup de tête avec toute sa vie dans deux valises. Aujourd'hui à l'heure du bilan de ces dix dernières années je ressens un mélange de fierté, de bonheur et de satisfaction mais aussi un peu de tristesse et de nostalgie.
Je suis fière, reconnaissante et heureuse du chemin accompli. Professionellement, j'ai terminé mes études un doctorat en poche et j'ai de la chance d'avoir un boulot stable. Dans ma vie privée, j'ai trouvé le compagnon qui partage ma route jour après jour, mon meilleur ami et le père de mes enfants. J'ai deux beaux enfants en bonne santé qui font beaucoup de bêtises mais remplissent malgré tout leurs parents de bonheur. J'ai un toit au dessus de ma tête, nous ne sommes pas dans le besoin.
Mais l'insouciance, la liberté de la Pépette d'il y a 10 ans me manquent parfois... La Pépette d'il y a 10 ans avait toute sa vie adulte devant elle et une infinité de choix. Maintenant, il y a beaucoup de choix qui sont faits pour moi. Par nécessité, par devoir, parce qu'il faut payer les factures et mettre du pain sur la table. Parce que c'est ça aussi d'être adulte.
Mais surtout, surtout, mon éternel dilemme de working mum me préoccupe de plus en plus... Je ne suis pas satisfaite de mon équilibre professionel et personel ... Je suis contente de mon travail mais je m'y ennuie parfois, me demandant si je ne serai pas mieux ailleurs, plus utile et plus épanouie ... Quand j'ai repris le travail, j'étais convaincue (ou me suis-je convaincue?) que je n'étais pas faite du bois dont on fait les mères aux foyers ... Maintenant, je ne sais plus ... Je les vois grandir et j'ai l'impression de passer à côté de tellement de choses ... Et surtout j'ai l'impression que le temps m'échappe, que je n'ai plus le contrôle de ma vie, comme si j'étais sur une autoroute, filant à grande vitesse à travers les années, chemin tout tracé, arrêts possible seulement aux aires d'autoroute (Noël, deux semaines au mois d'août ...) alors que ce dont j'ai envie c'est de prendre les départementales, de m'arrêter là où j'ai envie, quand j'en ai envie ...
Je pense que les 10 prochaines années verront encore de grands changements dans notre vie, et j'espère que je réussirais à sortir de l'autoroute ...
samedi 18 septembre 2010
Il y a 10 ans
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ça me rappelle qqch le coup d'oeil dans le rétro de la vie...
RépondreSupprimerJe comprends très bien ta frustration de ne plus avoir le contrôle de ta vie, mais c'est vrai qu'avec 2 petits garçons, il faut y réfléchir à 2 fois avec de faire des projets. Je te souhaite d'arriver un jour à trouver une vie plus satisfaisante. En attendant, bon courage !
Tout vient à point à qui sait attendre...
C'est un beau bilan! Moi aussi, je n'en reviens pas de la liberté que j'avais avant... Une chance que j'en ai bien profité. J'attends maintenant que les enfants soient plus vieilles pour recommencer à me promener plus franchement (c'est ce qui me manque le plus!).
RépondreSupprimerPour ce qui est d'être à la maison, c'est pas mal fatigant et je ne trouve pas que la société nous y encourage beaucoup, mais il y a tout un réseau de "mères au foyer" et ça fait du bien de les fréquenter. Et j'ai l'impression de vraiment inculquer à mes enfants ce que je veux, de les aider à grandir et de ne rien rater! Bonne réflexion pour les 10 prochaines années! ;)
L'avantage de l'autoroute c'est qu'il y a deux voies... celle de la vie familiale et celle de la vie professionnelle. Tu peux passer de l'une à l'autre, changer. La vie de femme au foyer est sur une voie, et même s'il semble y avoir plus de sorties, de bifurcations possibles, des tas de contraintes forcent à continuer bien droit le plus souvent... Si on pouvait changer nos places quelques semaines...
RépondreSupprimerBonjour
RépondreSupprimerCela fait qql temps que je suis ton blog et il est vraiment marrant!! Moi aussi j'ai été étudiante Erasmus en UK il y a qql années déjà et c'était formidable!!
Je n'ai pas encore d'enfant mais je peux comprendre ton dilemne car ma soeur vit la même chose.
Est-il possible de prendre un genre de congé de formation ou du temps libre qql peu rémunéré en UK? Peut-être pas car je sais que le social y et moins développé qu'en France.
Il faut calculer et si tu peux (et tu veux), prends qql mois off, je pense que si tu as toujours travaillé, cela ne devrait pas t'être préjudiciable.
Bonne journée!!
Félicitations, tu en as fait du chemin ! Je te conseillerais quand même de ne pas quitter le monde du travail, c'est assez difficile comme ça pour les femmes. Et pourquoi les mamans devraient être les seules à culpabiliser, les papas aussi sont au travail toute la journée. Les enfants apprécient d'avoir des parents actifs. Mais si c'est trop pesant pour toi, tu trouveras la solution qui te convient le mieux.
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